Danger melatonine

La Mélatonine est-elle dangereuse ?

« Danger melatonine ! » a-t-on entendu ! À la suite d’un avis mis en ligne le 11 avril 2018 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

L’attention des consommateurs a été attirée par de potentiels risques associés à leur usage.

En France, la mélatonine est disponible sous deux formes : un médicament, Circadin®, qui contient 2 mg de mélatonine à libération prolongée, disponible sur prescription médicale et destiné à lutter contre les problèmes de sommeil chez les plus de 55 ans et des compléments alimentaires, dont le dosage doit rester en dessous des 2 mg par comprimé.

L’agence déconseille la prise de mélatonine aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants et aux adolescents, aux personnes souffrant de maladies inflammatoires et auto-immunes, ainsi qu’aux personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue.

Elle invite les personnes souffrant d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, ainsi que les personnes suivant un traitement médicamenteux à prendre un avis médical avant toute supplémentation.

Cet avis fait suite à la réception, par l’intermédiaire du dispositif nutrivigilance, de 90 signalements d’effets secondaires sur la période de 2009 à 2017. Sur l’ensemble de ces cas, certains n’étaient pas suffisamment documentés et seuls 19 d’entre eux ont pu être analysés.

Les manifestations indésirables décrites par ces usagers prenaient la forme de maux de tête, vertiges, somnolence, troubles neurologiques (tremblements et migraine) et gastro-intestinaux (nausées, vomissements ou maux de ventre), ou psychiatriques (cauchemars, irritabilité).

La responsabilité de la mélatonine a été jugée vraisemblable dans 11 cas, possible dans 6, douteuse dans un cas et exclue dans le dernier. À l’exception d’un cas sévère, où la personne a développé un syndrome sérotoninergique lié à la prise de plusieurs substances contenant de la sérotonine, les 18 autres usagers ont présenté des symptômes de faible intensité.

Alors, faut-il se détourner de ces produits ?

Ce serait exagérément radical !

19 cas reportés sur une période de 8 ans, sachant qu’il se vend 1,4 million de boîtes de compléments alimentaires à base de mélatonine chaque année, c’est peu. La mélatonine a démontré son absence de toxicité dans l’ensemble des études qui lui ont été consacrées.

Une récente analyse de la littérature par des chercheurs danois et américains s’est attachée à synthétiser les données relatives à la sûreté de l’administration de mélatonine chez l’être humain.

Elle confirme que des traitements courts, même à doses élevées, sont sans danger, n’occasionnant tout au plus que de légers effets secondaires (vertiges, maux de tête, nausée ou somnolence) ; les études évaluant l’innocuité de traitements à long terme chez l’adulte ont montré que les effets indésirables modérés sont comparables à ceux survenant dans les groupes placebo. Il manque cependant des données à ce sujet chez les enfants et adolescents.

Enfin, se détourner des compléments de mélatonine pourrait conduire certains usagers à chercher d’autres solutions pour lutter contre leurs troubles et se tourner vers des médicaments pour régler, par exemple, leurs problèmes de sommeil. Or, les effets indésirables des somnifères n’ont rien de comparable avec les situations précédemment décrites : trouble de la mémoire, accoutumance physique, dépendance psychologique…

La mélatonine n’a sans doute qu’un seul défaut, qui contribue à sa mauvaise presse : son caractère naturel l’empêche d’être brevetée, les laboratoires pharmaceutiques n’ont aucun intérêt économique à se pencher sur ses bénéfices, qui peuvent en plus faire de l’ombre à des produits plus rentables !

Sources :

-Andersen LP et al. The Safety of Melatonin in Humans. Clin Drug Investig. 2016 Mar;36(3):169-75.

-Lyseng-Williamson KA. Melatonin prolonged release: in the treatment of insomnia in patients aged ≥55 years. Drugs Aging. 2012 Nov;29(11):911-23      ABE n°144   C.Sivault  Septembre 2018

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